C’est en 2013, à l’occasion d’un voyage à Bali en Indonésie, que j’ai découvert l’univers fascinant du massage. De là est née une passion qui se mua en vocation jusqu’à en faire aujourd’hui mon métier. Pour ne pas oublier d’où je viens, j’ai décidé de retourner en voyage en Indonésie en 2016, sur les lieux de mon premier amour. Ce voyage fut aussi l’occasion de suivre l’évolution de cette discipline dans un pays où le massage fait partie intégrante de la culture locale.
Un rapport au corps différent d’une île à l’autre
En arrivant à Kuta, haut-lieu du tourisme balinais, je remarquai combien les choses avaient peu changé. Le salon de mon premier massage était toujours là, l’effervescence de la ville toujours aussi intense, les touristes grouillaient dans les rues comme à l’accoutumée.
Après ce bref passage sur l’île des dieux, je m’envole vers l’île de Flores pour la suite de mon voyage. A mon grand étonnement, le massage ne faisait pas parti de la culture locale dans cette partie de l’Indonésie. En effet, Flores étant une île catholique au milieu de cet archipel majoritairement musulman, les us et coutumes diffèrent. La religion catholique induit une grande différence quant au rapport au corps : le toucher est mal vu, voire quasiment prohibé. Tandis qu’à Bali, île hindouiste, le contact corporel est largement démocratisé et intégré dans certaines pratiques locales. D’autre part, le tourisme n’étant qu’au début de son essor à Flores, la plupart des jeunes étudiants de l’île s’envolent vers Bali pour trouver du travail.
En revenant à Bali, le contraste avec Flores est saisissant : on s’aperçoit que le soin du corps est extrêmement présent dans la culture locale. Les salons de massage se développent à une vitesse vertigineuse, les centres de yoga se multiplient, et plusieurs écoles d’esthétique ouvrent leurs portes, offrant des emplois prometteurs à beaucoup de femmes balinaises, car les touristes en raffolent.
Trouver un masseur thérapeute à Bali : le parcours du combattant
Juste avant ce voyage, je m’étais blessée au poignet ne parvenais pas à me remettre correctement de cette blessure en France. Dans chaque ville que j’ai visité, je me suis rendue dans des salons de massage en cherchant quelqu’un qui pourrait apaiser mon articulation endolorie. A ma grande déception, j’ai constaté que la pratique du massage à Bali s’était standardisée. Les masseurs se contentaient d’effectuer un massage détente classique, et je n’y retrouvais plus l’énergie et la force du massage balinais que j’avais découvert lors de ma première visite.
L’apparition d’écoles de massage a eue pour conséquence d’uniformiser les protocoles, ce qui rendait les soins inintéressants à mon sens. Les balinaises sortant de ces écoles se contentaient de répéter ce qu’elles avaient appris. Je restai sur ma faim par rapport à mon premier voyage, au cours duquel j’avais l’impression que chaque massage était différent. Qu’il y avait une forme de tradition familiale transmise au fil des générations comme c’est le cas de Ruth Indiathi, ma formatrice en France, qui est fille de guérisseur.
A Ubud, j’ai finalement expliqué que j’étais moi-même masseuse et je demandais aux praticiennes où elles se rendaient lorsqu’elles se blessaient. L’une d’elle m’a envoyée vers un guérisseur qui pratique le Pijat, proposant ses services en échange de nourriture ou d’argent, le montant de cette participation restant libre pour le visiteur.
En me rendant à cette fameuse adresse, je me suis vite aperçue que c’était chez un particulier et j’ai dû attendre un petit moment dans la cour extérieure que celui-ci arrive. Là, assise sur les marches du petit temple, bercée par les senteurs d’encens destinées aux dieux, et le clapotis des poissons s’agitant dans leur bassin, j’ai pris conscience du véritable esprit balinais.
Lorsque je l’ai finalement rencontré, je me suis aperçue qu’il ne parlait pas anglais mais nous avons trouvé une manière de communiquer. Il s‘est uniquement concentré sur mon poignet pour le remettre en place. Ses gestes étaient fins, il restait à l’écoute de chaque mouvement et chaque son de mes articulations. Cela me fit penser à la pratique de mon ami ostéopathe Jon Artola : l’écoute, les gestes, l’attention. Sa minutie m’a permis de récupérer mon poignet après une deuxième séance et depuis je suis complètement guérie. Quel soulagement !
Visite de l’ile de Java et retour à l’authenticité indonésienne
Le voyage se poursuit en direction de l’île de Java et plus précisément à Yogyakarta, la ville connue pour le textile. J’ai pu y acheter plusieurs batiks, le tissu traditionnel utilisé pour confectionner des vêtements ou du linge de maison, des draps de massage. J’ai également visité un atelier de confection traditionnel avec les motifs faits main. En parcourant l’île, je me suis aperçu que le tourisme n’y était pas encore énormément développé. Il était plus facile d’y rencontrer des locaux et de se lier d’amitié avec eux. J’avais appris quelques rudiments de bahasa Indonesia (la langue nationale), ce qui m’a permis de faire du stop et, de converser avec des étudiants, des vieilles femmes qui travaillaient au champ, ou un couple en weekend.
Je ne me trouvais pas sur les plages paradisiaques mais au centre de l’île, où s’élève le fameux volcan Bromo, haut-lieu des randonnées et des pèlerinages. J’y ai retrouvé l’âme indonésienne de mon premier voyage, j’ai découvert une pharmacie traditionnelle avec leurs mélanges de plantes et j’ai reçu un super massage plein d’énergie. J’étais contente de constater que ma pratique du massage était proche de celui que j’y ai reçu sur cette île. En effet, ma professeure en France est originaire de Java.
Plus tard à Surabaya, j’ai pris conscience de l’importance du commerce des épices dans l’archipel après avoir rencontré un riche commerçant dont l’entreprise existait depuis plusieurs générations. J’ai découvert l’attachement des Indonésiens aux bienfaits des plantes, que ce soit dans l’alimentation, dans la pharmacopée, ou simplement pour leur parfum envoutant.
Suite à ce second voyage en Indonésie et forte de toutes ces expériences et découvertes, j’ai décidé de faire ma formation en massage Thaï à Bali pour bénéficier du savoir-faire indonésien. Je vous propose de découvrir les fruits de cet apprentissage dans un prochain article.